On pourrait penser que pour la première fois nous nous adonnons, sur ce blog, à l’utilisation d’un titre exagérément sensationnaliste, mais non, le nouveau Diagnostic de Performance Energétique (DPE V3) démarre effectivement avec ce qu’on peut appeler un fiasco.
En effet cette nouvelle mouture du DPE est entrée en application le 1er juillet 2021, avec la promesse de résultats plus fiables et plus précis, ainsi que des recommandations de travaux plus facilement compréhensibles pour les propriétaires de logements. Hélas, le 24 septembre 2021 le ministère de la Transition écologique a demandé aux diagnostiqueurs immobiliers de cesser de faire des DPE jusqu’au 1er novembre, en expliquant que finalement non, le nouveau DPE n’était ni plus précis ni plus fiable, mais qu’en réalité il donnait des résultats plutôt faux pour les logements datant d’avant 1975.
Les objectifs de cet article vont donc être de vous expliquer ce qui semble s’être produit, ce qui va probablement en découler, mais avant tout, en tant que victimes directes de ce cafouillage, de se plaindre.
Un Diagnostic de Performance Energétique V3 conçu trop vite
Avant la mise en application de la nouvelle formule du Diagnostic de Performance Energétique, plusieurs associations de professionnels du diagnostic immobilier ont indiqué que sa mise en œuvre au 1er juillet leur semblait précipitée, que les résultats des tests semblaient montrer des erreurs et qu’il aurait été préférable d’attendre un peu.
Il leur a été répondu que non, tout fonctionnait bien, et au passage il a bien évidemment été sous-entendu par le ministère que ces associations cherchaient uniquement à retarder voire empêcher un changement réglementaire qui embêtait leurs adhérents (« reflexes corporatistes », « freins au changement », etc.).
Par la suite et dès le 1er juillet, tous les opérateurs de diagnostic immobilier ont constaté que les résultats de leurs DPE étaient particulièrement pessimistes pour certaines catégories de logements, notamment pour les logements datant d’avant 1975, et encore plus si ceux-ci sont équipés d’un chauffage électrique. La grande majorité d’entre eux se retrouvaient classés en F ou G, donc estampillés passoires énergétiques.
L’explication de cela semble être que selon le moteur de calcul du DPE mis à disposition par le ministère, il faut que vos murs soient isolés pour avoir une performance énergétique acceptable. S’ils ne sont pas isolés (comme c’était le cas dans beaucoup de logements avant 1975), il vaut mieux que ce soit de la pierre de taille de 80 cm d’épaisseur (on n’en croise malheureusement pas tous les jours), sinon la note de votre logement en sera fortement dégradée.
Pour ce qui nous concerne, à Paris, nous rencontrons beaucoup d’immeubles dont les façades sont constituées de pierres de taille de 50 cm d’épaisseur ou de moellons de 25 à 35 cm d’épaisseur, sans isolation supplémentaire. Ces immeubles ne sont probablement pas ce qui se fait de mieux en termes de performance énergétiques, mais lorsqu’ils sont équipés de bonnes fenêtres, leurs habitants constatent qu’on n’y a pas froid et qu’on y chauffe raisonnablement. Mais peu importe, avec ce fameux moteur de calcul défectueux, le résultat du DPE est souvent une note de F ou G, avec une évaluation des dépenses annuelles de chauffage souvent 2 à 3 fois supérieures à la réalité.
Après presque 3 mois pendant lesquels tout le monde a tiré sur la sonnette d’alarme, le gouvernement a accepté de jeter un œil à toutes ces plaintes et a constaté que oui, effectivement, il y avait un problème.
La suspension du DPE et ses conséquences
Il a donc été demandé le 24 septembre aux diagnostiqueurs immobiliers de ne plus fournir de Diagnostics de Performance Energétique à leurs clients pour les logements datant d’avant 1975, sauf en vue de transactions urgentes, jusqu’à début novembre.
Etant donné que cela est assez compliqué à expliquer à quelqu’un qui n’est pas au courant de cette situation un peu ubuesque, plusieurs grandes entreprises du secteur ont déjà annoncé qu’elles continueraient à fournir des DPE à leurs clients. C’est également ce que, chez Monser, nous allons faire.
Pour ce qui est de la suite, il nous a été dit que nous pourrions enfin fournir des DPE fiables à nos clients à partir de début novembre, grâce à un nouveau moteur de calcul qui sera mis à notre disposition. Il nous a également été demandé de fournir gratuitement, pour ceux de nos clients à qui nous avons établi un DPE depuis début juillet, une mise à jour de leur diagnostic avec ce nouveau moteur de calcul, en novembre. Des explications peu convaincantes sur le fait que le temps passé à renvoyer ces dossiers serait payé par l’Etat aux diagnostiqueurs ont été fournies, mais nul doute que cela sera extrêmement compliqué et donc qu’il sera quasiment impossible d’obtenir ces remboursements.
Chez Monser, nous prévoyons donc de vérifier chacun des DPE édités depuis le 1er juillet 2021, et de les renvoyer gracieusement à nos clients si la note se trouve améliorée par le nouveau moteur de calcul. Au-delà du temps que cela va prendre, il y a une autre conséquence très problématique à ne pas oublier : cela fait 3 mois que nous expliquons à certains propriétaires déçus par leur DPE que nous ne faisons qu’appliquer rigoureusement la méthode qui nous est imposée, et que notre travail est effectué avec tout le sérieux possible ; nous allons maintenant, comme nos confrères, leur renvoyer de nouveaux DPE avec un résultat différent du premier. Nous aurons beau leur expliquer que l’erreur ne vient pas de nous, il est évident que cela va nous discréditer un peu, ainsi que toute la profession au passage.
L’impact du fiasco du DPE sur les diagnostiqueurs immobiliers
Nous avions déjà constaté ces derniers mois que les propriétaires de logements anciens étaient particulièrement remontés après avoir reçu des DPE dont les résultats ne leur semblaient pas crédibles. L’impression générale pouvait se traduire ainsi : « On me raconte que j’habite une passoire thermique alors que je sais que c’est faux, tout ça pour me faire faire des travaux qui n’amélioreront sans doute rien du tout. ».
Nul doute que le cafouillage que nous venons de vivre va ajouter encore un peu de méfiance de la part des propriétaires vis-à-vis des recommandations de travaux qui leur sont données par les Diagnostics de Performance Energétique.
Cela est particulièrement dommageable, car de gros efforts avaient été consentis pour préparer cette nouvelle version, et il est indéniable que le nouveau modèle de rapport établi par le gouvernement fournit des résultats plus clairs, donne des conseils d’économie plus facilement compréhensibles et des recommandations de travaux mieux présentées. Malheureusement il semblerait que ces résultats soient faux…
De notre côté, nous ne pouvons que nous désoler du fait que le ministère de la Transition écologique nous a forcés, avec ce moteur de calcul défectueux, à fournir des informations fausses à nos clients pendant trois mois. Cela n’aide pas à mettre en valeur les efforts de professionnalisation que le secteur du diagnostic immobilier poursuit depuis de nombreuses années.
Régis Andrieux Foundateur de Monser
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